Sommes-nous en train de sortir du déni de la mort ?
Dialogue & Solidarité, l'association dédiée au deuil et au veuvage créée par l'OCIRP, a rencontré Fanny Georges, chercheuse spécialisée sur l’identité numérique et les usages mémoriaux du Web.
Quels sont les enjeux de la survivance de l’identité numérique après la mort de son propriétaire ?
Ils sont à la fois d’ordre symbolique, sociétal, mais aussi économique. Aujourd’hui, on est de plus en plus entourés de représentations de défunts créées de leur vivant. Celles-ci ont un fort pouvoir symbolique, parce qu’elles contiennent des traces produites du vivant des usagers et peuvent avoir une grande importance une fois que la personne est décédée. Cette portée symbolique réside aussi dans la manière dont on va réfléchir à ses données personnelles dans la perspective de son propre décès. Facebook a mis en place, en 2008, la possibilité de déclarer un profil en « page de commémoration » et, depuis février 2016, il est possible de désigner un légataire qui prendra en charge la modification de son compte après le décès. Ces enjeux sociétaux sont très importants et les grands réseaux sociaux numériques en ont bien pris la mesure. Ils se positionnent notamment sur le futur marché de l’identité numérique post-mortem qui, pour des raisons démographiques, devrait exploser d’ici à une vingtaine d’années.
Vous réalisez en ce moment même une étude sur les mémoriaux numériques. Quels en sont les premiers enseignements ?
Il y a une pratique qui consiste à continuer d’interagir avec le défunt sur sa page Facebook, souvent créée de son vivant, et à laquelle vont également s’articuler d’autres espaces de productions mémorielles, comme des pages groupe, qui seront détournées en pages post-mortem. Il est intéressant d’observer que relativement à certains morts, il y a une négociation de l’image que l’on veut conserver du défunt visible à travers différentes pages d’hommage. Par exemple, la page d’hommage de la mère va proposer une image de son enfant à laquelle vont s’associer des amis ou des proches pour évoquer des souvenirs, s’adresser au disparu ou lui rendre hommage de façon conforme à cette image-là. Une autre page mémorielle créée par un ami présentera une autre image de la personne. Sur la Toile, ce qu’on voit apparaître, c’est l’image que l’on souhaite conserver du mort. Ce sont des images personnelles qui vont formaliser une certaine représentation du disparu, et plusieurs représentations peuvent être dressées. A travers ce processus de publication par les « amis » et les proches, l’identité numérique du défunt continue de se construire et de se transformer, car elle est façonnée par le regard que portent ses proches sur lui et sur sa vie.
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