28 octobre 2024
Entretien

Un engagement dans la durée avec la Fondation OCIRP

La Fondation d’entreprise OCIRP « Au cœur des famille » fête ses 15 ans. Retour avec Pierre Mie, Président de l’OCIRP et Bernard Devy, Président de l’association Dialogue & Solidarité (et de l’OCIRP de 2003 à 2011) sur ces années de soutien à la vie autonome.

Quand est née l’idée de créer une Fondation dont la vocation est d’accompagner les orphelins dans leurs parcours de vie ?

Bernard Devy : Il faut d’abord revenir sur quelques points d’histoire et la création de l’OCIRP en 1967. À cette date, on commençait tout juste à négocier, dans les branches professionnelles et dans les entreprises, des accords de prévoyance sur le décès, l’incapacité de travail et l’invalidité. Et puis il s’est trouvé que des partenaires sociaux ont constaté qu’il y avait des « trous dans la raquette » de la protection sociale. Rien n’était prévu par les régimes obligatoires concernant la rente des veuves et veufs. Il s’agissait alors d’un versement qui était effectué pour les personnes endeuillées souvent avec des orphelins à charge. Et pour obtenir une aide financière, il fallait que les intéressés attendent la pension de réversion, qui n’était versée qu’à partir de 55 ans ; un laps de temps bien trop long pour des familles secouées par une disparition brutale sans aucune ressource financière. L’OCIRP a été créée pour permettre à ces familles de faire face à ces situations dans les meilleures conditions possibles. Il a fallu apprendre et comprendre comment les familles vivaient ces moments difficiles et quels leviers d’accompagnement il fallait mettre en place.

C’est ainsi que la rente éducation a vu le jour. Au lieu de verser un capital ou une rente à titre temporaire, en attendant d’avoir la pension de réversion ou à titre viager jusqu’à ce que la personne décède, les partenaires de l’OCIRP ont imaginé une rente éducation pour les enfants. C’est à partir de là que l’OCIRP et ses membres ont commencé à s’intéresser à un sujet occulté par la société : le sort des orphelins. À travers son action sociale, les besoins de cette population ont pu être entendus et couverts. Mais il manquait un endroit pour aller plus loin, pour accompagner encore plus concrètement les plus vulnérables d’entre nous. C’est ainsi que la Fondation a vu le jour. Elle s’est imposée comme le lien indispensable à créer pour l’Union.

Avec la Fondation, nous avançons depuis 15 ans dans les pas des bâtisseurs de l’OCIRP.

Pierre Mie

Président de l’OCIRP

Comment le projet s’est-il mis en œuvre ?

Bernard Devy : Il était important à la fois de mobiliser le Conseil d’administration et les institutions membres pour définir les contours de notre champ d’action autour des orphelins. Nous avions déjà créé en 2004 l’association Dialogue & Solidarité, qui venait en aide à toute personne en situation de perte d’un conjoint. Elle s’est intégrée naturellement à la Fondation. En 2009, l’Union-OCIRP crée « Au cœur de la famille – Fondation d’entreprise OCIRP » sur les valeurs de solidarité, socles de la raison d’être de l’OCIRP. Nous avons pu mettre en place tout un dispositif pour faire connaître la situation des orphelins et aider les familles qui étaient concernées par le drame que représente un deuil brutal. Ensuite nous avons détecté les besoins de formation des personnels éducatifs. Là, ça a été plus long mais le sujet était au cœur du système éducatif. Nous avons rencontré des enseignants qui ont compris que c’était un sujet dont il fallait s’emparer. Nous nous sommes aperçus, par exemple, qu’il n’y avait pas une classe qui ne comptait pas un orphelin. Ces enfants ou adolescents étaient complètement déstructurés, frappés par un malheur subit. Ils avaient besoin de reconnaissance et que l’on comprenne les conséquences affectives et traumatiques que représente la disparition d’un parent ou parfois même des deux. Ça a été un élément majeur de l’action de la Fondation à ses débuts.

L’intérêt est aussi d’aider les pouvoirs publics qui n’ont pas toujours la connaissance pratique de ces problématiques, de les aider à avancer sur le sujet, et de nous aider aussi à nous faire connaître, pour franchir des pas supplémentaires. Nous pouvons leur apporter des éléments objectifs qui vont leur permettre, dans un certain nombre de domaines, de faire avancer la législation. Nous participons à résoudre les problèmes de société qui sont assez lourds et qui tendent à se développer. Par exemple, le vieillissement de la population, avec ses conséquences sur la perte d’autonomie, est un sujet de préoccupation de la Fondation qui constitue un autre des axes prioritaires de notre action.

Pierre Mie : Il fallait faire un réel état des lieux de l’orphelinage en France pour pouvoir travailler et affiner avec les membres de l’Union des garanties et des aides spécifiques. La Fondation a diligenté en 2017 auprès de l’IFOP la première grande enquête nationale sur le statut des orphelins. À partir de là, nous avons démontré qu’il ne s’agissait pas d’un sujet de niche, mais d’une préoccupation sociétale majeure qu’il fallait rendre visible.

Nous suivons les évolutions de la société, la Fondation nous permet de répondre aux besoins des plus vulnérables.

Bernard Devy

Président de l’association Dialogue & Solidarité

La Fondation OCIRP vient d’être prorogée par les membres de l’Union-OCIRP pour 5 nouvelles années. Pour répondre à quels nouveaux enjeux ?

Bernard Devy : La loi nous contraint à 5 ans. Si nous avions pu faire plus nous l’aurions fait ! Nous poursuivons toujours la même ambition, celle de construire des solutions pour la vie autonome, afin de répondre aux besoins non couverts par les institutions. L’Union-OCIRP apporte une réponse assurantielle et sociale. La Fondation la complète par des actions sociales directement sur le terrain auprès d’associations. Nous sommes des passeurs, nous nous inscrivons dans les pas des bâtisseurs de l’OCIRP tout en nous adaptant aux nouvelles réalités de la famille. Puis, les priorités se sont déplacées. Les besoins sociétaux ont évolué.

Nous avons élargi nos actions vers le handicap par exemple, qui est, de fait, une atteinte à l’autonomie. L’axe vers les aidants est également une verticale importante. Plus de 9 millions de français sont impactés aujourd’hui. Nous connaissons l’étendue des besoins et anticipons les situations futures. La Fondation est légitime pour travailler avec les pouvoirs publics. En travaillant sur le terrain, nos équipes font remonter des sujets que nous examinons et pour lesquels nous imaginons un certain nombre de solutions avec les membres de l’Union.

Pierre Mie : L’enjeu est de poursuivre nos actions en apportant la preuve de leur efficacité auprès de nos membres et de toutes nos parties prenantes. Nous avons une expertise unique sur le sujet de l’autonomie et nous allons poursuivre toutes les actions possibles dans ce domaine. Notre visibilité à travers les colloques que nous organisons, notre guide pour les enseignants, la sensibilisation médiatique via nos projets culturels et nos participations à des travaux de recherche vont se poursuivre. Je tiens à rappeler que ce sont plus de 350 projets qui ont été soutenus par la Fondation.

Les besoins pour permettre à chacun de vivre autonome sont énormes ; mais il nous faut faire des choix. Nous nous sommes professionnalisés et le suivi des dossiers répond aujourd’hui à des processus de validation stricts qui nous permettent de mieux anticiper les impacts des soutiens alloués et d’être encore plus efficaces pour soutenir ceux qui sont en situation de vulnérabilité. D’un point de vue méthodologique, cela nous permet de mieux appréhender les enjeux de chacun de nos financements. Nous sommes très sollicités : beaucoup d’associations se sont créées avec des besoins de financement qui nécessitent un contrôle en amont et un suivi de nos impacts réels sur le terrain avec les associations et nos bénéficiaires. Les équipes de la Fondation accomplissent un travail essentiel pour s’en assurer mais aussi pour faire le lien entre toutes les parties prenantes de l’écosystème de nos bénéficiaires. Et cela fonctionne parfaitement. Le programme « Graines d’autonomie », qui aide les entreprises de l’ESS à changer d’échelle, essaime sur tout le territoire ; c’est un succès dont nous sommes fiers. Nous aidons des associations qui favorisent l’autonomie dans tous les domaines (sport, culture, social, santé…). Nous sommes présents pour soutenir la vie autonome et nous ne sommes pas près de nous arrêter…

Retrouvez l'intégralité du rapport d'activité de la Fondation OCIRP !

A télécharger, notre rapport d’activité pour l’exercice 2023.

La Fondation et les collaborateurs de l’OCIRP s’engagent pour soutenir la réalisation de projets de vie autonome pour les bénéficiaires des garanties de l’OCIRP et ceux de ses partenaires.

Fondation OCIRP Engagés pour l'autonomie !