10 décembre 2025
Reportage

Engagés pour les proches aidants au Lab OCIRP Autonomie®

Ce mardi 9 décembre, dernière séance de l’année pour le Lab OCIRP Autonomie, à la Maison de l’Amérique Latine (Paris 7e) : une matinée dédiée aux initiatives autour de la Journée Nationale des Aidants 2025.
Ont participé à cette session, animée par Jean-Manuel Kupiec, directeur du Lab OCIRP Autonomie :
- Nathalie Chusseau, économiste, professeure à l’Université de Lille
- Pierre Denis, président fondateur du fonds de dotation Aidant Attitude
- Élodie Marchat, directrice générale de l’Institut 4.10

Un engagement réaffirmé

Seuls 34 % des salariés aidants ont informé leur employeur de leur situation.

En ouverture, Jean-Manuel Kupiec a réaffirmé l’engagement de l’OCIRP en faveur des salariés aidants, notamment illustré cette année par :

  • la diffusion des chiffres sur les coûts cachés de l’aidance pour les employeurs ;
  • Notre plateforme Aglaée – « un GPS social pour ne plus jamais se perdre dans la jungle des démarches » – pour renforcer l’autonomie au plus près des territoires et des besoins des populations, et garantir un haut degré de protection sociale ;
  • le succès de notre offre de formation en partenariat avec l’institut 4.10 « Accompagner les salariés aidants » – récompensée aux Trophées de l’assurance et au Festival SilverEco 2025…

… « et ce n’est qu’un début ! »

Coûts cachés de l’aidance : une réalité économique majeure

Nathalie Chusseau a présenté les enseignements clés de ses travaux.

L’aidance, souvent invisible, génère un épuisement physique et mental qui induit l’absentéisme – dont deux tiers seraient évitables – et le présentéisme : une perte de productivité, dont le coût est estimé aujourd’hui à 25 milliards d’euros par an dans le privé et 31 milliards au total (public + privé). Un coût qui ne fera qu’augmenter avec le vieillissement de la population : en 2070, la France comptera 2,7 millions de seniors, et un salarié sur quatre sera aidant dès 2030.

Que faire ? L’économiste recommande d’adapter la charge de travail aux étapes clés du cycle de l’aidance*, avec une baisse d’environ 20 % aux moments critiques à salaire égal.

*Le cycle de l’aidance : phase 1, entrée dans l’aidance ; phase 2, intensification, structuration de l’aide, démarches ; phase 3, stabilisation avec mise en place de routines et stratégies ; phase 4, crise ou épuisement avec l’aggravation de l’état de l’aidé, nouvelle intensification de l’aide ; et une phase finale de transition ou de sortie, où intervient la prise en charge professionnelle ou le décès.

Accords sur les aidants : un paysage qui se structure

Jean-Manuel Kupiec a fait un état des lieux des accords de branches (assurance, télécommunications, industries alimentaires, autoroutes, médicament…) et d’entreprises. Ils montrent que la prise en compte des aidants salariés progresse.

Accords collectifs, les mesures phare :

  • la définition de l’aidant (plus ou moins large) ;
  • les dispositifs d’information, formation, prévention – incluant la lutte contre le déni et les tabous,
  • les offres de congés et absences rémunérées,
  • l’organisation et temps de travail,
  • la gestion de carrière,
  • les possibilités de soutien financier (CESU, droit au répit…),
  • l’accès à des services et réseaux d’entraide.

« Le sujet des salariés aidants est en train de s’inscrire dans la société, dans le cadre de la transition démographique. »

Aidant Attitude : remettre l’humain au centre

Pierre Denis a fondé Aidant Attitude, un fonds de dotation et de mécénat pour l’accompagnement des entreprises.

Pour lui, avant tout il y a des voix, des visages et des parcours. Le besoin principal des aidants, c’est d’être compris. « Ils expriment leur frustration face à l’inaction et je la partage vraiment. »

« Sans ses 11 millions d’aidants, notre pays ne tiendrait pas 24 heures ! »

Il considère que nous avons multiplié les initiatives sans logique de reliance (passerelles entre les acteurs, dialogue et solutions…). « La reliance, c’est ce qui relie, la passerelle entre l’administratif et l’humain. »

Il rappelle également qu’après des années d’accompagnement d’un proche, il faut aussi affronter le deuil. La reliance ne s’arrête pas avec l’aidance, il faut aussi accompagner après.

« Créons cette reliance, relions l’accompagnement avec ceux qui pensent, ceux qui décident et ceux qui agissent. La reliance c’est un mouvement. »

Former pour agir : une innovation primée

Élodie Marchat a présenté l’offre de l’Institut 4.10 aux côtés de l’OCIRP : une formation modulaire, adaptée à tous les acteurs – membres des CODIR et DRH, managers, négociateurs et partenaires sociaux, salariés aidants. Ce concept innovant a été plusieurs fois primé en 2025.

La formation a pour but de sensibiliser les organisations à la réalité vécue par les salariés proches aidants (non professionnels), pour sortir du déni et du tabou, et déployer une politique de l’aidance en entreprise. L’ambition est de favoriser la culture du dialogue et l’inclusion dans l’intérêt commun des salariés et des entreprises.

Parmi les outils pédagogiques : un court-métrage en réalité virtuelle, immersif, permettant de comprendre la situation d’une salariée aidante, Laetitia, et de nourrir les échanges. Celui-ci a été élaboré avec la société Reverto.

Ensemble, engagés pour les salariés aidants

Cette session du Lab OCIRP réaffirme l’importance d’agir ensemble – employeurs, partenaires sociaux, acteurs de la protection sociale et institutionnels – pour mieux accompagner les salariés aidants, un enjeux sociétal majeur.